Mon mari et moi n'avions jamais eu l'opportunité d'aller en Bretagne, qui à priori, ne nous attirait pas spéciallement. Pas tant à cause de son climat, supposé pluvieux, non, mais dans le sud, les gens croient, à tors, que vers le nord les paysages seraient moins intéressant.... Allez savor pourquoi ! On nous avait proposé de nous joindre aux membres de l'Association "Rocamino" qui se rendait au Grand Pardon de Camaret dans le Finistère, où ce petit port possède une chapelle consacrée à la Vierge de Rocamadour... Celle-ci est bien reconnue comme la protectrice des marins en perdition, et quelques miracles ont été plusieurs fois attestés. Une réplique de la statue de notre Rocamadour tronera désormais dans la chapelle du même nom à Camaret en Bretagne.

Il y a donc depuis longtemps un lien entre les deux villages, qui se voit ainsi concrétisé.

Cette manifestation n'avait lieu que le dernier week-end d'août, et nous avons pensé, qu'à faire un long trajet comme celui-là, autant en profiter davantage. Comme nous avions tissé des liens amicaux avec deux pèlerines bretonnes, en juin dernier, nous ayant invité à venir chez elles à l'occasion, nous les avons prises au mot...

Nous avons pris la route dès le mardi précédent pour les retrouver dans le golfe du Morbihan où elles résident toutes deux, à quelques kilomètres d'intervalle. Nous garderons un joli souvenir de leur accueil, et de la découverte de leur région...

Elles nous ont emmenées faire une randonnée autour de la presqu'île de Quiberon d'une part, en empruntant un train délicieusement appelé "tire-bouchon", car il évite effectivement de nous embourber dans le trafic assez dense, dû aux nombreux touristes... La ballade fut superbe, le temps moyen pour un lotois, mais à écouter les bretonnes, ce fut du beau temps ! Par contre, le vent a soufflé toute la journée, et le soir nous étions saoûls de ce grand bol d'air, et crevés !

Puis nous avons eu la chance de découvrir l'Ile aux Moines, après avoir traversé sur un petit bateau qui fait continuellement la navette en cette saison. Ci-dessus, un arbre vénérable, un châtaigner qui doit avoir 400 ans au moins !

Au port, il y avait déjà beaucoup de monde, mais nos amies avaient choisies de nous emmener sur le côté le plus sauvage de l'île ; dans l'après-midi, nous avons pu constater que l'autre face était plus habitée et bien plus fréquentée. Ce fut un bonheur total de marcher sur ces sentiers sablonneux, bordés de muriers (auxquels nous avons fait honneur au passage !)

Il y a un ostréiculteur sur la partie sauvage, alors nous nous sommes arrêtés pour acheter des huîtres, afin de les déguster au pique-nique ! Les copines avaient même pris du pain, du beurre salé, et du Muscadet, quel luxe, non ? Elle est pas belle la vie !

En cette saison, on peut admirer des étendues entières de bruyère, tantôt roses, tantôt rousses ; vers le printemps, je crois que c'est le jaune des genêts qui domine !

La Bretagne, il ne faut pas l'oublier, possède un très beau patrimoine bâti, mais aussi des sites très importants datant du paléolitique, dont ce très beau dolmen ; je regrette de ne pas avoir vu Carnac et ses alignements, mais nous n'avions que trop peu de temps ; Il nous faudra revenir une autre fois !

Parvenus dans la partie construite de l'Ile aux Moines, nous avons entendus le son d'une cornemuse dans le lointain, qui nous interpellé... Visiblement sur la jetée, un groupe de marins semblaient accueillir avec les honneurs de jeunes hommes accostant en zodiac. Peut-être des apprentis-sauveteurs ? Nous ne le sauront jamais. Un goûter et un pot leur était destinés. C'était beau et assez émouvant ma foi !

Quant à nous, le soir venu, nos amies, Marie-France et Denise nous ont régalé d'un menu typique : des galettes de blé noir garnies, et des crêpes sucrées avec du cidre. Beau final pour une dernière soirée en leur compagnie...

Nous avons repris la route pour rejoindre le groupe de pèlerins, non loin de Camaret ; en fait un petit village près de Morgat, belle station balnéaire, avec une plage bien attrayante, mais où je n'ai pas eu le temps de faire trempette, et je le regrette, on ne pouvait pas s'attarder, mais rejoindre le gîte.

Une association jacquaire locale nous a accueillis chaleureusement, certains sont même restés manger et dormir au gîte de St Hernot, que je recommande, au moins pour ses repas, car, au niveau du couchage, c'était comme en colonie de vacances : chambrées de 8 ou 9 lits, très bas, et juste deux toilettes et deux lavabos, deux douches pour vingt personnes ! Mais cela nous a rappelé les Chemins de St Jacques, à certains endroits....

Le samedi a été consacré à la découverte de la presqu'île de Crozon, en faisant une boucle autour de Camaret. Une splendeur, qui vallait déjà le voyage !

Tiens, nous avions deux compagnons inattendus, un chien, un Golden retriever beige, et l'âne Léonard, qui nous a précédé sur les sentiers. Nous avons longés des falaises abruptes, des petites criques, croisés deux ou trois randonneurs, mais le monde était à nous, dans une lumière magnifique en rose et bleu. (bleus le ciel et la mer, rose la bruyère omniprésente !)

Didier n'a pas cessé de prendre des photos tout au long de la ballade tellement ses sens étaient ravis de toute cette beauté environnante, et j'ai bien du mal à choisir les clichés parmi cette multitude !

Là un château en ruine, le Manoir de St Pol de Roux, que l'on dirait sorti d'un conte de fée, qui dominait la mer ; il a été détruit par les Allemands, son propirétaire étant soupçonné d'être un résistant...

Ca et là des blockhaus, vestiges de la dernière guerre, il a du s'en passer des choses terribles sur cette côte, aujourd'hui si paisible ! Cela donne à réfléchir...

Ici un mémorial pour les marins disparus durant cette triste période de notre histoire ! Sur certains de ses vestiges en fer, qui rouillent immobiles, des poèmes sont gravés, écrits par des illustres poètes, comme par de plus anonymes...

Nous parvenons à une belle petite chapelle, dite de St Julien, afin de nous restaurer enfin, et nous reposer aussi, car nous avions rendez-vous avec le curé de Camaret, non ce n'est pas celui de la chanson, il est très sympathique. Il nous a gentillement offert du vin.

A l'intérieur de la chapelle, figurent d'intéressantes statues anciennes, dont celle-ci, qui semble représenter Ste Marie-Madeleine, à cause de ses longs cheveux...

En milieu d'après-midi, nous atteignons le port de Camaret par le côté opposé, la vue est à couper le souffle !

Nous visitons pour la première fois la chappelle Notre Dame de Rocamadour, où notre âne Léonard va jeter l'ancre et se reposer, le temps que nous fassions le tour des lieux...

Là c'est la Tour Vauban, dont les gens du coin sont très fiers Et à côté c'est un hommage à tous les marins disparus en mer. Sur ce monument en forme de coquillage est aussi inscrit un poème, difficile à lire, car gravé en spirale...

Le dimanche matin, tout le groupe, lotois plus finistériens, désormais bien soudés, participe à la messe du Grand Pardon de Camaret. Nous amenons la statue de Notre Dame à dos d'homme, comme l'année précédente.. Elle avait attendu son heure à la petite chapelle de St hernot, juste face à notre gîte...

Nous retrouvons notre Curé de Rocamadour, Ronan de Gouvello, natif de ce pays, exilé en terre quercynoise, que nous connaissons bien ; il va nous faire une homélie très humoristique qui nous parle de l'amour du prochain d'une manière très inattendue ! Et puis, les prêtres rejoignent le port, embarquent sur un bateau de sauvetage qui s'appelle justement "Notre Dame de Rocamadour, emportant avec eux une couronne de fleurs qu'ils iront jeter dans la mer, un peu plus loin.

Et là s'ensuit un spectacle magique : tous les bateaux présents dans le port, du plus modeste, au plus grand (un yatch !), suivent celui-là en une sarabande improvisée, cornant leur joie vers la foule amassée sur les quais.

Après la cérémonie, nous sommes conviés dans le jardin du presbythère par Mr le Curé, chacun sortant son pique-nique du sac, On sent que le moment de la séparation est proche d'avec nos amis du Finistère, et on se fait des promesses : l'an prochain à Rocamadour pour son 1000ème anniversaire ! On va nous offrir du vin et du cidre, un bout de gâteau, le délicieux far breton... Nous sommes déjà dans la nostalgie de ce week-end fraternel, on a du mal à se séparer.

Il va nous falloir un sas entre ce final grandiose et le retour vers nos pénates ! Après quelques courses-souvenirs, (chouette il y une boutique d'ouverte), Didier et moi décidons de voir le Cap de la Chèvre, indiqué près du gîte où nous dormions. On ne le regrettera pas, c'est le paradis !

Le soir, le dortoir nous parut bien vide, car il y n'y avait plus nos amis bretons, rien que les lotois.

En fait c'est comme cela à chaque fois, quand on a bien sympathisés et vécus des moments forts ensemble, on se sent orphelin du groupe lorsque chacun part de son côté. ...