La paroisse de Gourdon a organisée un pélerinage à Rome du 13 au 19 octobre, avec comme accompagnateur le Père Bertrand Cormier, jeune prêtre de 40 ans, et c'est un groupe de 18 personnes qui a fait le déplacement, dans la joie et la bonne humeur... .(dont votre servante). Nous avons pu bénéficier d'une belle semaine ensoleillée pour la saison, et c'était vraiment une chance car nous nous sommes beaucoup déplacés en transports en commun.

Dans le détail :
Départ le mardi 13 octobre 7H du matin depuis Gourdon en car, jusqu'à l'aéroport, puis l'avion jusqu'à Rome où nous avons atterri en début d'après-midi. Puis un train nous a rapproché du centre de la ville, et nous avons fini le chemin à pieds avec armes et bagages, sur des trottoirs aux surfaces irrégulières, avec des valises pas toujours très coopératives... Ce qui nous a bien mis dans le bain de l'esprit du pèlerinage.
Arrivés chez les soeurs franciscaines de la Ste croix du Liban, nous nous sommes installés en chambres doubles, enfin nous avons décidés de commencer la visite dans le quartier le plus proche, soit le "Trastevere" avec une église à l'atmosphère douce et tranquille San Pietro in Montorio. Un bon début.

Une belle vue sur les toits de la ville a éveillé notre curiosité, et notre admiration bien sûr... Les batisses sont souvent ocres rouge ou jaune de style très homogène, il y a des espaces verts un peu partout, des palmiers des arbustes à fleurs, des terrasses de café noires de monde, un brouhaha continu du à la circulation (beaucoup de scooters !)... et nombre de pigeons. L'antiquité reste largement présente dans beaucoup de quartiers, et celà crée une ambiance que l'on ne trouve nulle part ailleurs, mixité étrange des siècles passés, presque deux mille ans d'histoire imbriqués... celà laisse songeur.

Le lendemain, au programme figurait une audience publique avec notre pape Benoit XVI en plein coeur de la place St Pierre de Rome, au milieu d'une foule immense et cosmopolite, à l'affût de l'arrivée du Saint Père. Lorsque celui-ci est arrivé dans sa papamobile, tout le monde (ou presque) c'est levé, et il est devenu difficile de l'apercevoir, les appareils photo crépitaient, bras et bannières s'agitaient, chants et vivas s'élevaient un peu partout. Folle ambiance !

Sa Sainteté a prononcé le même discours en plusieurs langues et plusieurs de ses collaborateurs ont tour à tour annoncé les différents groupes présents ; le notre n'a pas été oublié, quoique de taille modeste, et nous avons manifesté notre présence le plus bruyamment possible, mais on ne faissait pas le poids à côté des groupes de soixante-dix personnes ! L'après-midi a été consacré à la visite de la Basilique St pierre et du musée du Vatican, contenant des merveilles de l'art sacré, on ne savait plus où poser les yeux... J'étais personnellement éblouie par tant de beauté, la Chapelle Sixtine a vraiment tenu ses promesses, dommage qu'il y ait autant de monde...et de bruit.

Je vous livre pèle-mêle les différents sites visités durant la semaine, comme St Jean de Latran, Ste Marie la Majeure, St Paul Hors des murs, etc... mais le plus important à mes yeux c'est l'émotion qui nous a saisi sur certains lieux bien précis.
Toutes ces basiliques à l'architecture magestueuse, aux statues immenses, avec leur patchwork de marbres, leurs mosaÏques rutilantes d'or laissent une impression de grandiose, comme des palais érigés pour la plus grande gloire de Dieu. Toutefois, moi ce qui m'a impressionné le plus, ce sont les catacombes de Calixte, qui abritent les tombeaux des martyrs des premiers chrétiens. Cette simplicité, qui remonte aux origines de notre communauté, contraste avec les églises aux riches ornements ...
Geoffroy notre guide, un mauricien catholique convaincu, a su nous expliquer le pourquoi et comment, et en même temps exprimer toute sa sensiblité chrétienne, comme un mémorial pour un peuple qui été jusqu'au bout de ses convictions..Jusqu'à la mort, puisque la plupart ont été martyrisés... On s'imagine à tort que ces lieux servaient aussi de refuge contre les persécutions, en fait les familles et les amis proches se rendaient dans les catacombes pour honorer leurs morts, comme nous au cimetière. Ils devaient le faire dans la clandestinité, pour protéger leur vie, ensuite lorsque le christianisme s'est imposé, les choses ont évoluées différemment

D'autre part, qui dit pélerinage, dit vie communautaire, et là aussi, je n'ai pas été décue. Le groupe était issu de notre région, mais tout le monde ne se connaissait pas pour autant. Il y avait une majorité féminine, reflet sans doute de la vie paroissiale habituelle, mais nous avons tous connu une convergeance de vue, une osmose qui m'a agréablement surprise. Tous n'étaient pas de prime jeunesse, du moins physiquement, et pourtant l' état d'esprit , ni la marche des plus anciens n'a jamais entravé le reste de la troupe. La solidarité fut même de maître-mot de nos sorties, surtout dans les déplacements en ville. Imaginez presque vingt personnes se ruant dans un bus déjà presque rempli, s'amusant et riant de tout ou presque, gardant pour ses doyennes les places assises au fur à à mesure qu'elles se libéraient, guettant les panneaux, les sites à voir, le nom des rues, et commentant le tout sans arrêt ! Les plaisanteries et les jeux de mots fusaient à tout va, mais nous savions aussi redevenir sérieux dans les lieux saints et nous concentrer.

Je garde aussi quelques bons souvenirs culinaires, les pâtes bien sûr assaisonnées à toutes les sauces, les paninis, sortes de sandwiches comprenant charcuterie et fromages locaux, et enfin les délicieuses "gélati", les glaces aux parfums inattendus et si variés qu'il était difficile de faire un choix... Quant aux pizzas, pour être honnête ce n'étaient pas ce qu'il y avait de mieux, mais on nous l'avait dit avant. Les quelques repas que nous avons pris chez les religieuses furent bienvenus : légumes, viande, poisson,et fruits réequilibraient notre nourriture, beaucoup plus succinte le midi. Et c'était bon en plus.

Du côté des nourritures spirituelles, comme je le pressentais, ce fut un vrai ressoucement ; vous savez, le retour aux sources de la foi. A Rome on retourne très loin dans le temps, et on se sent petit maillon d'une chaîne immense, et croyez moi c'est émouvant au de-là de ce qu'on peut exprimer. On peut se sentir plus ou moins proche de l'Eglise en tant qu'institution, mais ce passé est rempli de figures illustres comme les saints et surtout d'une foule immense plus modeste et anonyme, le commun des mortels en somme...Et d'ici jusqu'aux confins de la Terre.