Nous voici de retour d'une nouvelle semaine pèlerine, la cinquième du genre depuis 2009, puisque nous n'avons l'opportunité de partir que quelques jours à la fois. Pour ceux qui découvriraient ce blog pour la première fois, vous pouvez consulter les différents chapitres précédents, avec images et commentaires depuis Le Puy en Velay, départ de notre cheminement.... Nous avons traversé cette fois le Gers de part en part depuis Lectoure jusqu'à Barcelonne (du Gers), région viticole, quoique destinée à la polyculture. Paysages variés et bien verts en ce printemps relativement humide.

Jusque là nous n'avions connu que des périodes ensoleillées, mais cette semaine commençait moins bien, la pluie nous a copieusement arrosé pendant deux jous, nous obligeant à revêtir la cape de pluie... Ce vêtement protège, et l'individu, et son sac à dos, toutefois, au moindre rayon de soleil, on se sent comme dans une étuve la-dessous.

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Habituellement, nous faisons un pique-nique, soit dans la nature, soit au bord du chemin, mais comme il pleuvait passablement, nous avons opté pour la halle du village de Marsolan, petit village qui possède une belle église bordée de cèdres impressionnants. Un ouvrier du bâtiment, un couvreur me semble-t-il, nous a rejoint pour son casse-croûte du midi, vite expédié d'ailleurs... Mais nous étions bien contents de cette compagnie, le village était quasiment désert.

En milieu d'après-midi, après avoir marché sous une averse bien drue pendant quelques kilomètres, nous avons été soulagés de voir apparaître au loin la belle collègiale de La Romieu, que nous avons pris le temps de visiter un peu plus tard. Quelle vue splendide depuis le clocher, à 360° tout autour !

En arrivant dans village, nous avons constaté que foule de pèlerins, de tous âges, et de toutes nationalités, s'étaient réfugiés sous les arcades, où plusieurs cafés étaient envahis de capes multicolores, de sacs à dos et de batons. Parmi ces gens, deux dames de notre génération attirent notre attention, en cherchant un endroit où s'installer ; je leur propose de nous joindre à elles, pour gain de place, et par solidarité... Elles acceptent et c'est ainsi que nous avons liés connaissance. Nous réservons même une table ensemble pour la soirée à ce restaurant, car le gîte ne fait pas la demi-pension, et nous ne le regretterons pas, que c'était sympa !

Coucou Marie et Denise, nous avons par la suite marché chacun de notre côté, dommage, mais notre parcours respectif était déjà établi, et le gite réservé ; nous avons toutefois communiqué par SMS tout au long du trajet !

Ce village possède une curiosité, on peut voir partout, de ci, de là des chats en céramique sur le bord des fenêtres. C'est pour commémorer une histoire très ancienne, située au Moyen-âge : Une petite fille nommée Angeline adorait les chats, vint une année où la misère fut telle que les habitants n'eurent d'autres moyens pour survivre, que de manger leurs animaux. La petite protégea deux des siens dans sa cave, les mettant à l'abri, le temps que la situation évolue ; or, plus tard, ce furent les rats qui envahirent les maisons, privées de leurs prédateurs. Alors Angeline libéra les siens, qui s'étaient multipliés en secret, et sauva ainsi la population des rongeurs.... Belle histoire, non ?

Nous avons du reprendre le chemin le lendemain sous une pluie plus fine, mais persistante, sur des sentiers boueux ; dans cette partie du Gers, c'est de l'argile blanche qui colle aux semelles, avec des ruisseaux qui traversent le passage, et un paysage caché partiellement dans la brume. Bref, une expérience désagréable, mais que tout pèlerin qui se respecte doit connaître aussi. Quand je pense aux pèlerins d'autrefois, mal équipés, et qui marchaient sur trente à quarante kilomètres ! Nous nous contentons d'une vingtaine en ce qui nous concerne...

Petite chapelle de Ste Germaine, perdue dans les vignes, bien émouvante

Tôt cette après-midi là nous parvenons à Condom, que nous pensions visiter tranquillement en soirée, mais le logement réservé se situait à la sortie de la ville, nous étions mouillés juqu'à la moëlle des os, frigorifiés, et peut désireux de recommencer le trajet dans les mêmes conditions. Le "gîte de Gabarre" est situé dans une ancienne distillerie d'Armagnac, restaurée magnifiquement, immense, avec un confort peu usité, au niveau des sanitaires comme du couchage. Seul bémol, sans doute, l'accueil par une des propriétaires ne se fait que vers 18H, aussi se sent-on un peu abandonnés dans cette grande bâtisse, sauf quand d'autres pèlerins finissent par nous rejoindre... Notre petite communauté comprenait deux Suisses, un Québécois, un Parisien, deux dames du Midi, un Polonais, et nous autres Lotois...

On nous vendra des ingédients de dépannages pour que nous puissions manger chaud, ce qui nous consolera un peu...

Le lendemain la pluie est partie, mais il fait grand vent, parfois le soleil apparaît quelques minutes entre les nuages, puis finira par dominer en fin d'après-midi. Nous parvenons au village de Larresingle, minuscule citée médiévale, de toute beauté... Mais tout est fermé. En plein été il doit pourtant y avoir de l'animation, à voir les panneaux !

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Voici un pont annoncé de loin, bâti spéciallement pour les pèlerins, le pont d'Artigues, fermé à la circulation automobile, on retrouve d'autres marcheurs, et même des cyclistes !

Nous avons rencontré à plusieurs reprises deux Québécois qui font un reportage sur le chemin de St Jacques, non pour la télévision, mais pour un DVD éducatif, aussi avons-nous un peu rigolé en voyant le panneau "Montréal", (situé dans le Gers) qui ne ressemble en rien à l'autre capitale ... Quant au "Rince quenottes", il s'agit d'un vignoble bien sûr. Ah le Floc de Gascogne, c'est divin ! Et ce village-là est bien joli, voyez les photos !

Au Relais de St Jacques, l'hôtesse nous avait préparé un coq au vin, et une purée maison, et puis il y avait un buffet de hors d'oeuvres et buffet de dessert, presque un repas familial, un régal partagé avec d'autres pèlerins, dont certains déjà bien connus...

Certes, la photo est floue (celle de droite) pourtant je la regarde avec émotion car ce fut une halte chaleureuse, nous avons échangé quelques victuailles, dont deux ou trois poignées de cerise ! Et sous cet arbre majestueux, que l'ombre était bienfaisante. Ensuite nous avons cédé la place à quatre britanniques déjà rencontrés...Chacun son tour !

Bientôt le GR nous fait passer par une ancienne voie ferrée qui va durer un bon moment, on reconnaît l'architecture typique de nos petites gares françaises, un vieux pont de chemin de fer, où un arbre vénérable englobe la barrière à l'intérieur de son tronc. On salue Carole qui passe au dessus, petite femme solitaire et endurante avec qui nous avons sympathisé, on va même lui laisser quelques messages d'encouragements sur différents livres d'or au cours du chemin...

Cette portion fut donc particulièrement droite et encaissée, rendant l'aventure un peu monotonne, aux dires d'autres pèlerins ; en ce qui nous concerne, nous avons dicuté longuement avec Corine, et on n'a pas vu le temps passer...

Tout près d'Eauze, notre étape du soir, on découvre un lac en contrebas, presque par hasard, où nous choisirons de pique-niquer. Incroyable, on se croirait revenus à Payrignac, où nous habitons toute l'année, il en a la même configuration...

La petite ville d'Eauze possède une grande et belle église qu'il ne faut pas rater, composée de matériaux composites, briques et pierre amalgamées, une déco intérieure assez riche, un grand orgue qui justement se fait entendre lors de notre passage, le musicien semble répéter la" Marche nuptiale" à l'envie. La place devant est immense, avec des façades de maisons munies de bardages ; des martinets s'égosillent dans le ciel bleu, apportant décidément la note estivale qui nous manquait. Le gite sera communal, rien à dire, sauf qu'une seule douche pour 25 personnes, c'est un peu juste !

Le lendemain, grand soleil à nouveau, on aura droit à de beaux paysages, des sentiers boisés, des étangs, peu de rencontres, sauf lorsqu'on arrive à MANCIET, où une place sous les platanes accueille une dizaine de pèlerins ; nous choisissons la terrasse du café, "Chez Monique" pour déguster une boisson fraîche, en compagnie de pèlerins d'origine polonaise qui habitent à Compiègne...Et on cède la place aux quatre Messieurs anglais, qui prennent le relai une fois de plus ! Que c'est drôle !

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A Nogaro, nous logeons chez Clothilde Guédy, en chambre d'Hôtes, et comme c'est presque complet, la table sera animée, et puis entre deux bouchées savoureuses, on discutera longuement de nos expériences personnelles... Et notre hôtesse nous racontera également des histoires amusantes, côté hébergeants ; c'est vrai que parfois les pèlerins exagèrent aussi ; nous ne marchons jamais en juillet-août, nous, mais il paraît que la clientèle est beaucoup plus familiale et donc les problèmes sont différents...

A l'Office du tourisme où nous passons, la borne ci-dessous nous rappelle qu'il reste encore 972 kms avant d'arriver au but. Ce n'est pas grave, on n'est pas pressés, l'important c'est le chemin... Le jour où on aura terminé celui-là, nous envisageons de parcourir les divers itinéraires balisés en France, ceux du Vézelay, d'Arles, de Tours...(si du moins la santé nous le permet) On a pris goût à cette vie de nomade, à ces rapports spontanés avec les autres, à ces découvertes permanentes.

Là sur cette dernière portion, qui longe une route goudronnée pendant des kilomètres, il fait un cagnard que vous n'imaginez pas. J'ai pris un coup de soleil sur les jambes et les avants-bras, heureusement j'ai ce qu'il faut: une pommade qui soulage des brulures. Et dire qu'en début de semaine on en plaisantait, sous la pluie ! Et, répliquait une fille, Et moi qui ai pris de" l'écran total" dans mon sac ! Quelques chênes accueillent nos pauses dans leur ombre bienfaisante, on déchausse un quart d'heure pour aérer les pieds, et on repart après une longue goulée d'eau (de moins en moins fraîche, hélas).

Une petite halte bienvenue près d'une voie de chemin de fer, bien aménagée, il y a même un tampon pour la crédentiale, et un livre d'or ! Comme toujours, on y vérifie qui est déjà passé avant nous. L'étape est la plus longue de la semaine, 26 kms, et je souffre un peu, mais pas des pieds, plutôt des chevilles et des mollets, qui vont devenir du béton, c'est sûr.

Dernière ligne droite, interminable, et puis arrivée sur le village tant espéré de Barcelonne du Gers ! Nous y retrouvons notre valise, qui se déplace de gîte en gîte, grâce aux Transports Claudine (spécialisée dans le transfert des pèlerins et de leurs bagages), notre voiture, que nous avions garée sur la grande place, et l'hôtesse de "l'Hospitalet du Gosset", charmante, qui dit avoir reçu deux de nos compagnes de route (qui nous ont laissées une petite carte sur le pare-brise la veille. Comme c'est mignon !)

Nous aurions bien aimé dormir une dernière nuit dans ce gîte, hélas, c'est complet depuis plusieurs jours, à cause d'une féria qui a lieu à Aire sur Adour (donc tout près) ce week-end là, et draine des fêtards d'un peu partout... D'ailleurs plusieurs pèlerins vont avoir du mal à trouver une place d'hébergement, il leur faudra, soit raccourcir, soit rallonger l'étape ! Le gîte susnommé est une merveille, mais nous avons oublié de faire des photos, alors comme on repartira en Septembre depuis le même point, il faudra y remédier !

Qu'avons-nous vu durant cette semaine ? Des paysages variés, des fleurs de toutes les couleurs, des constructions : de belles fermes, petites chapelles, des vignobles etc... Certes la région est belle, pourtant, en règle générale, et sauf cas particulier, les habitants ne sont pas super accueillants. Beaucoup trop de maisons comportant des panneaux du style "Propriété privée, défense d'entrée", ou bien "Attention au chien".

En fait, je réalise que nous n'avons pas eu l'opportunité de bavarder avec quelqu'un du pays, en dehors des hébergements et des commerçants...

Dommage... mais le chemin nous a apporté d'autres compensations, de vraies richesses, côté relations humaines, on a ouvert nos horizons, et on n'a pas fini d'apprendre... La suite du chemin en septembre, si Dieu veut !